Sortie CART du 22 août 2021.

Bonjour à toutes et tous. Je n'en dirais pas plus, certains savent le faire à ma place.

 SORTIE DES MEMBRES DU CART LE 22 AOÛT 2021

Comme les fugues de Jean-Sébastien Bach, la sortie du CART du 22 août fut précédée d'un prélude.

Ce prélude consistait en une exposition de voitures à Vitry le samedi 21 août, devant la résidence Domitys. Neuf voitures du CART étaient présentes, impeccablement alignées, leurs propriétaires ayant répondu positivement à la demande des administrateurs de la Résidence qui souhaitaient créer une animation destinée en priorité aux personnes âgées qui en sont les pensionnaires. En priorité certes, mais pas en exclusivité car l'exposition se tenait sur la voie publique. Nombreux sont les Vitriats qui sont ainsi venus en profiter.

Organisée le dimanche 22 août, la sortie ne revêtait pas le format habituel des grands rassemblements annuels du CART. Initialement, l'événement devait réunir quelque 120 véhicules de tous types (voitures, caravanes, tracteurs, motos) et les présenter sur un terrain de football situé à Margerie-Hancourt. Satanée pandémie, qui a obligé les organisateurs à revoir intégralement leurs plans. Pour tout dire, quelques semaines avant sa date, la manifestation a été annulée. Mais c'était sans compter la détermination des principaux animateurs qui ne voulaient pas priver les membres du Club les plus fidèles d'une occasion de faire rouler leur voiture et de passer une belle journée ensemble.

Le rendez-vous était fixé à 10 heures sur le parc de stationnement du Bricomarché de Vitry. Avec ponctualité, 13 personnes et leurs 8 voitures sont arrivées. Le ciel était plutôt gris, la température assez fraîche. Cette morosité météorologique n'a pas affecté le moral des troupes : dès les premières minutes la bonne humeur s'installait et les rires fusaient. Une fois les poignées de main (non, pardon, les "checks") échangées, le convoi se mit en route, guidé par la Simca Aronde Élysée d'Alain Joly en tête de file et conclu en sa queue par une rassurante "voiture-balai", en l'occurrence la 604 Tour de France de Maurice Brassart. Direction plein Est, vers la première étape : l'Abbaye cistercienne de Trois-Fontaines. Dans chaque village traversé, c'était un bonheur de voir l'air étonné et ravi des habitants devant une aussi belle cohorte de voitures anciennes. Le ciel, lui, apportait un peu moins de bonheur. Au fur et à mesure que nous progressions, les pare-brise se couvraient de plus en plus de gouttes d'eau jusqu'à ce que se déclenche une forte pluie qui n'avait rien à envier aux orages tropicaux. Dure épreuve pour les essuie-glace et les systèmes de désembuage, surtout dans les véhicules les plus anciens dont les conducteurs peinaient à conserver une bonne visibilité. Le paroxysme pluviométrique fut atteint à l'Abbaye de Trois-Fontaines elle-même. On n'y voyait plus goutte, si j'ose utiliser cette expression paradoxale ici. La visite prévue dut être supprimée. Frustrés mais compréhensifs, nous nous sommes contentés de faire le tour de la cour de l'abbaye, en voiture. Cependant, pour ceux tels que moi qui ne connaissaient pas ce magnifique ensemble architectural, ce fut une découverte et j'ai aussitôt décidé d'y retourner un jour.

Avec une légère avance sur l'horaire imposée par le déluge, nous sommes repartis pour l'étape suivante où nous sommes arrivés vers 11h30. Cette étape est un lieu étonnant, presque magique. Il s'appelle Les Etangs de la Ballastière. Quarante-cinq hectares de plans d'eau parfaitement protégés sur un terrain de 90 hectares à quelques encâblures seulement de la ville de Saint-Dizier, voilà qui n'est pas commun. Ce qui est encore moins commun, c'est que l'ensemble appartient à... la SNCF. Les étangs, au nombre de cinq, servent de réserve de pêche pour les employés de cette entreprise bien connue. Le nom de l'association qui gère le domaine est PCB : Pêcheurs Cheminots Bragards. Utilisé dans la région, le mot Bragard désigne ce qui est relatif à Saint-Dizier : ses habitants ou ses lieux. Mais une incursion dans un bon dictionnaire nous révèle un autre sens : ce vieux mot dont l'usage s'est perdu signifie élégant, vif ou joyeux. Ce sont des qualificatifs qui s'appliquent bien au membres du CART !

Les Cheminots Bragards ont la générosité d'ouvrir leur domaine au public, sous certaines conditions. Les responsables du CART avaient négocié avec eux et obtenu le droit de faire entrer les voitures dans le parc ainsi que d'occuper un abri pour le pique-nique de midi. Providentiel abri ! Modeste certes sous ses tôles galvanisées vieillissantes, il nous offrait quand même tables et bancs pour tout le monde et une protection efficace contre les intempéries. Situé à l'écart des autres installations du parc, il faisait face à un magnifique étang où se pavanaient des cygnes. Deux participants que leurs obligations n'avaient pas libérés plus tôt nous y ont rejoints, ce qui portait notre nombre à 15 personnes et le nombre de voitures à 9.

À 11h30, il était un peu tôt pour entamer le déjeuner, comme l'a fait remarquer Maurice Brassart. Aussi, il nous a proposé une animation. Il a sorti de sa besace une douzaine de petits flacons contenant chacun un liquide au parfum bien précis : pain grillé, pomme, etc. Nantis d'une liste de douze noms, nous devions faire correspondre chaque parfum humé à un nom sur la liste. Ceux qui croient que c'est un exercice facile se trompent. Passe encore de savoir distinguer Pain Grillé et Beurre Frais. Mais, entre Pamplemousse et Pêche, quand on n'a pour récepteur sensoriel que son nez sur un goulot, la différence est plus ténue. Quant à Aubépine, il faudrait déjà avoir une bonne connaissance de l'odeur de ses fleurs blanches. J'avoue que ce n'est pas mon cas.

Cet intermède olfactif présentait deux avantages : (1) il a encore renforcé le niveau de gaieté au sein du groupe et a donné lieu à de nombreux éclats de rire ; (2) si on n'obtenait pas une note de 12 sur 12 et même si on n'atteignait pas la moyenne, on ne risquait aucune punition. C'est le type de jeu qui plaît à tout le monde, car tout le monde gagne. Ce que nous avons gagné en l'espèce, c'est la récompense qui fait la gloire de la Champagne : un apéritif au breuvage local, offert et généreusement servi par Maurice Brassart. Nul ne sera étonné d'apprendre que la bonne humeur, alors, est encore montée d'un échelon.

Cette dégustation de haut niveau ouvrait royalement la voie au pique-nique. La règle était que chacun devait se munir de ses victuailles. Cette règle ne fut pas respectée au pied de la lettre, mais dans le sens positif. Certains avaient apporté beaucoup plus que pour leur propre repas et en ont amicalement fait profiter les autres (dont moi ; je les remercie). Un hommage particulier soit rendu à ces dames qui ont élaboré d'exquises pâtisseries. Pendant ce temps, la consommation de champagne élaboré à Moussy se poursuivait.

Nous sommes en France, un pays où l'on sait vivre, et il est évident que le déjeuner, même s'il portait le nom de pique-nique, ne fut pas expédié en un clin d'oeil, sur le pouce. C'est vers 15h30 que les organisateurs proposèrent (un peu à contre-coeur) de mettre fin au festin pour passer à la distraction suivante : une partie de mini-golf. Quel rapport entre la pêche à la carpe en étang et le golf miniature ? À vrai dire, il n'y en a pas, si ce n'est que les Bragards cheminots cités plus haut ont voulu ajouter une activité ludique à leur domaine pour en faire un parc de loisirs attrayant. Deux parcours ont été ainsi créés. Ils sont bien conçus, ont été bien construits et sont bien entretenus.

Par un miracle que nous offre quelquefois la nature, au moment où nous allions rejoindre la zone du mini-golf, le temps se mit au beau. C'est donc sous le soleil que la plupart des participants sont allés retirer leur canne (ou "club", si l'on préfère) et leur balle puis ont réalisé leur parcours. Je n'en étais pas car, je l'avoue, je n'aime guère les jeux de balle, quelle que soit la dimension de cette dernière. Plutôt que de les lancer, je préfère garder les objets dans mes mains, par exemple des objets tels qu'un tournevis cruciforme ou une clé de 17. Mes amis amateurs de mécanique automobile me comprendront et j'espère que ce qui a pu apparaître comme un manque passager de convivialité me sera pardonné. Pour autant, j'ai suivi les golfeurs dans leurs exploits et pris des photos. J'ai ainsi immortalisé les gestes magistraux (ou moins magistraux) de certains au moment de frapper la minuscule balle avec une masselotte pas toujours facile à maîtriser.

Un parcours de golf, fût-il miniature, cela prend du temps, et alors que les joueurs parvenaient au dernier trou, le jour commençait déjà à décliner. Il fallut hélas constater que 18 heures étaient passées et que cette belle journée allait s'achever. Sur le parc du domaine, devant toutes nos voitures, nous avons fait une photo de groupe. Puis nous nous sommes dispersés avec regrets. Certains repartaient vers Épernay, d'autres vers Troyes, ce qui prouve que beaucoup n'avaient pas eu peur des kilomètres pour venir participer à la sortie.

Mon cas à moi et celui de ma femme Catherine sont un peu particuliers, puisque nous ne sommes pas membres du CART. Nous étions invités. Nous remercions les organisateurs de nous avoir acceptés. La plupart des participants nous voyaient pour la première fois, ce qui ne les a pas empêchés de nous témoigner d'emblée beaucoup d'amitié. Nous avons été enchantés. Pour employer une expression à la mode, même si elle n'est pas agréée par l'Académie Française: l'ambiance au sein du CART, c'est un truc de ouf !

Jean Perrin